Lors de notre première rénovation, nous avons rapidement été confrontés à une question essentielle : puis-je brancher ma plaque à induction sur mon installation électrique existante avec une prise de 20 A ? Derrière cette question apparemment simple se cachent des enjeux techniques et sécuritaires qu’il est indispensable de bien comprendre. Dans cet article, nous vous guiderons à travers les différentes facettes de cette problématique.
Que dit la norme NF C 15-100 pour les plaques à induction ?
En France, l’installation électrique des plaques de cuisson, y compris les plaques à induction, est régie par la norme NF C 15-100. Cette norme vise à garantir la sécurité des installations électriques tout en assurant une performance optimale des appareils. Concernant les plaques à induction, voici les points principaux qu’elle stipule :
Une alimentation dédiée obligatoire
Les plaques de cuisson doivent être raccordées à une ligne électrique dédiée, c’est-à-dire un circuit réservé uniquement à cet usage.
Le calibre du disjoncteur dépend du type d’alimentation
- En monophasé, la ligne doit être protégée par un disjoncteur 32 A.
- En triphasé, une protection de 20A par phase est suffisante, car la charge est répartie sur les trois phases.
Le type de câble requis
- Pour une installation en monophasé, il faut utiliser un câble d’une section de 6 mm².
- En triphasé, un câble de 2,5 mm² par phase est souvent suffisant, mais cela dépend de la puissance totale de la plaque.
La prise murale
- La norme recommande une prise 32A (prise spécialisée pour les plaques de cuisson) ou une connexion par boîtier de raccordement.
Ces règles garantissent que l’installation supporte la puissance élevée des plaques de cuisson, souvent supérieure à 3,7 kW, sans risque de surchauffe ni de court-circuit.
Interrupteur différentiel obligatoire
Pour la sécurité des personnes contre les chocs électriques, la norme exige l’utilisation d’un interrupteur différentiel de type A pour les circuits spécifiques comme les plaques de cuisson. Ce type de différentiel est capable de détecter les fuites de courant alternatives (AC) et les fuites à composante continue pulsée (DC pulsée), courantes dans les appareils électroniques modernes tels que les plaques à induction.
Qu’est ce qui est toléré ?
Il est effectivement toléré, dans certaines conditions, de brancher une plaque de cuisson et un four électrique sur le même circuit dédié de 32 A avec un câble de section 6 mm² dans une installation existante. Cependant, cela ne respecte pas totalement les recommandations de la norme NF C 15-100, qui préconise des circuits distincts pour chaque appareil dans les nouvelles installations.
En effet, dans les anciennes installations, il était courant de partager le même circuit pour la plaque et le four, car cela simplifiait le câblage. La tolérance vise à éviter des travaux coûteux et lourds sur les installations existantes, tant que la sécurité est respectée.
Pour que ce partage soit sûr :
- il faut vérifier la puissance totale des deux appareils car un disjoncteur de 32A est généralement suffisant pour couvrir les besoins combinés d’une plaque et d’un four ;
- le câble de 6 mm² est nécessaire, car il supporte une intensité maximale de 32A sans risque de surchauffe ;
- la puissance totale des appareils (plaque + four) ne doit pas dépasser la capacité du circuit (en général 7,4 kW en monophasé pour un disjoncteur de 32A).
Seulement, cela reste non conforme pour une installation neuve puisque comme expliqué précédemment pour respecter pleinement la norme actuelle, chaque appareil doit avoir un circuit dédié : la plaque de cuisson doit avoir un circuit dédié de 32A (câble de 6 mm²) et le four doit avoir un circuit dédié de 20A (câble de 2,5 mm²).
Si tout est sur le même disjoncteur il y aura donc un risque en cas d’utilisation simultanée : si la plaque et le four sont utilisés à pleine puissance en même temps, cela peut entraîner une surcharge ou déclencher le disjoncteur. Après dans les faits tout n’est jamais à fond simultanément. on utilise rarement les 4 feux de la plaque en position boost et en même temps le four en mode pyrolyse.

Que faire quand on est en location ?
En tant que locataire, vous n’avez pas le droit d’intervenir sur l’installation électrique sans l’accord explicite de votre propriétaire. Toute modification ou ajout de câblage doit être réalisée par un professionnel agréé.
Quelles sont les obligations du propriétaire ?
En France, les obligations des propriétaires en matière d’installation électrique pour les logements en location sont principalement axées sur la sécurité des occupants. La loi impose que le logement soit décent, ce qui inclut une installation électrique sécurisée. Toutefois, la mise aux normes actuelles (comme la norme NF C 15-100) n’est pas obligatoire pour les installations anciennes, tant qu’elles ne présentent pas de danger.
Le propriétaire doit s’assurer que l’installation électrique est en bon état de fonctionnement et ne présente aucun risque pour les locataires. Cela inclut la présence d’un dispositif de coupure générale accessible, une protection différentielle adaptée et des disjoncteurs appropriés pour chaque circuit.
Si l’installation est jugée dangereuse, des travaux doivent être réalisés pour garantir la sécurité des occupants, faute de quoi le propriétaire engage sa responsabilité.
Pour les installations de plus de 15 ans, un diagnostic de l’installation intérieure d’électricité doit être annexé au contrat de location lors de sa signature ou de son renouvellement.
En tant que locataire, si vous constatez que l’installation électrique n’est pas sécurisée ou adaptée à vos besoins (par exemple, absence de circuit dédié pour une plaque à induction), vous pouvez en informer votre propriétaire. Une discussion avec ce dernier pourra permettre de trouver une solution adaptée, comme l’ajout d’un circuit dédié si nécessaire.
Comment installer une plaque de cuisson selon l’installation électrique existante ?
Le logement est équipé d’un circuit dédié en 6 mm² avec disjoncteur 32A
C’est la configuration standard exigée par la norme NF C 15-100 pour une habitation neuve ou rénovée. Si ce circuit est disponible :
- vous pouvez brancher une plaque de cuisson classique (puissance généralement supérieure à 3,7 kW).
- si vous souhaitez brancher un four en plus, vérifiez que la puissance combinée des deux appareils ne dépasse pas la capacité du circuit.
Si vous avez des doutes, consultez les manuels des appareils pour connaître leur puissance, ou demandez l’avis d’un électricien.
Certaines plaques à induction modernes proposent une fonction de bridage de puissance. Par exemple nous avons déjà eu une plaque de 7,2 kW peut être bridée à 4 kW, ce qui permet de l’utiliser sur un circuit 20A sans déclencher le disjoncteur. Cela peut éviter des travaux coûteux et reste une solution temporaire efficace tant que la puissance maximale n’est pas nécessaire. D’autant plus que contrairement aux plaques classiques, les plaques à induction ajustent leur puissance de manière progressive. Cela signifie qu’elles ne tirent pas toujours leur puissance maximale, sauf si tous les foyers sont utilisés à pleine intensité.
Pas de circuit dédié : utilisation d’une prise classique
Dans certains logements anciens, il n’y a pas de circuit dédié pour les plaques de cuisson. Vous pourriez être tenté de brancher une plaque sur une prise classique en 16A (avec câble de 1,5 mm² ou 2,5 mm²). Cela peut être suffisant pour des petites plaques à induction “domino” (2 feux, environ 3 kW max). Cependant, pour une plaque 4 feux ou plus puissante, le risque de surcharge et de déclenchement du disjoncteur est élevé.
Solution : Optez pour une plaque domino ou une plaque à induction compacte, qui consomme moins d’énergie. Ces modèles sont souvent conçus pour être branchés sur une prise classique.
Installation avec un vieux tableau électrique
Dans des habitations anciennes, le tableau électrique peut ne pas être équipé d’un différentiel de type A, recommandé pour les plaques à induction. Le locataire n’est pas tenu de mettre à jour le tableau, mais cela peut poser un problème de sécurité en cas de fuite de courant.
Conseil : informez votre propriétaire de cette situation. Une mise à jour du tableau peut être négociée dans le cadre de travaux d’amélioration du logement.
Pour les locataires, la règle principale est de s’adapter à l’installation existante tout en respectant les limites de sécurité. Si l’installation ne permet pas d’utiliser une plaque à induction classique :
- préférez une plaque domino ou des plaques électriques moins puissantes.
- évitez de surcharger les circuits en branchant plusieurs appareils énergivores sur la même prise.
- communiquez avec votre propriétaire pour envisager des améliorations, si nécessaire.