Il n’est pas rare de tomber, surtout dans les maisons anciennes, sur un interrupteur doté d’un petit fusible intégré. À l’époque, ce système permettait de protéger un circuit sans avoir à accéder au tableau électrique. Aujourd’hui, ces interrupteurs ne sont plus utilisés et peuvent poser problème en cas de panne ou de rénovation électrique. Alors, comment les remplacer sans risque et en toute conformité ?
Pourquoi certains interrupteurs avaient un fusible intégré ?
Dans les anciennes installations électriques, il n’était pas rare de trouver des interrupteurs équipés d’un petit fusible intégré. À une époque où les tableaux électriques n’étaient pas aussi complets qu’aujourd’hui, ce dispositif faisait office de mini-protection locale.
Concrètement, il évitait qu’un court-circuit sur un simple point lumineux ne fasse disjoncter toute la maison ou le disjoncteur principal EDF. Pratique, mais désormais dépassé.
Ces interrupteurs à fusible ont été largement utilisés dans les logements construits avant les années 1980. Depuis, la réglementation électrique a évolué : la norme NF C 15-100 impose aujourd’hui des protections centralisées via des disjoncteurs modulaires et différentiels installés dans le tableau principal.
Résultat : ces anciens modèles ne sont plus commercialisés depuis des décennies et doivent être remplacés pour garantir sécurité et conformité.

Identifier la configuration de votre installation
Avant de remplacer un ancien interrupteur avec fusible intégré, il est indispensable d’examiner la configuration de votre installation électrique. Commencez toujours par couper le courant au tableau, puis démontez l’interrupteur pour observer le câblage.
Dans la plupart des cas, vous trouverez deux fils : un fil rouge, correspondant à la phase venant du tableau, et un autre fil allant vers la lampe.
Mais certaines installations plus anciennes comportent trois fils, souvent deux rouges et un vert (parfois mal identifié, pouvant être un retour de lampe ou un neutre). D’où l’importance de bien repérer chaque conducteur avant toute manipulation.
Ensuite, vérifiez si le circuit est déjà protégé au tableau par un disjoncteur 10 A ou un fusible. Si la coupure de ce disjoncteur éteint bien la lumière, c’est bon signe : votre circuit est correctement protégé.
En revanche, si rien ne se passe, cela signifie que l’interrupteur à fusible servait de seule protection : dans ce cas, ne le remplacez pas sans mettre le circuit en sécurité.

Remplacer un interrupteur à fusible : les étapes selon votre circuit
Le remplacement d’un interrupteur avec fusible intégré dépend avant tout de la protection déjà en place sur le circuit. Voici les trois situations les plus fréquentes
Cas n°1 : le circuit est déjà protégé au tableau
Si votre ligne est protégée par un disjoncteur 10 A ou un fusible au tableau, vous pouvez retirer sans crainte l’ancien interrupteur à fusible.
Remplacez-le par un interrupteur standard (et non un va-et-vient), puis raccordez les deux fils : la phase (fil rouge) provenant du tableau, et, le retour lampe vers le point lumineux.
S’il existe un troisième fil issu de l’ancien fusible, isolez-le proprement avec un domino ou un connecteur rapide.
Une fois le tout remonté, rallumez le courant et testez : si la lampe s’allume sans déclencher le disjoncteur, tout est conforme.
Cas n°2 : le circuit n’est pas protégé
Si aucune protection n’est présente au tableau, ne démontez pas l’interrupteur à fusible : il sert encore de protection locale.
Dans ce cas, deux options existent :
- installer un petit disjoncteur unipolaire ou bipolaire en amont de la ligne (solution provisoire avant rénovation),
- ou mieux, faire poser un interrupteur différentiel 30 mA pour renforcer la sécurité des personnes.
Cas n°3 : installation ancienne sans terre ou avec fils dégradés
Dans certaines vieilles maisons, les circuits de ces interrupteurs sont câblés avec des fils de 1 à 1,5 mm², souvent sans conducteur de terre. Ce type de ligne n’est plus adapté aux appareils modernes ni aux charges élevées.
Mieux vaut éviter toute modification ou ajout de point lumineux tant que la ligne n’a pas été rénovée.
Un électricien pourra tirer une nouvelle ligne en 3 × 1,5 mm², protégée par un disjoncteur 10 A, afin de remettre le tout aux normes et d’assurer la sécurité de l’installation.
Ce qu’il faut éviter absolument
Certaines erreurs reviennent souvent sur les forums d’électriciens… et peuvent avoir des conséquences sérieuses. Voici les principales à éviter si vous remplacez un ancien interrupteur avec fusible intégré :
- Remplacer l’interrupteur sans vérifier la protection au tableau : si aucun disjoncteur ne protège la ligne, vous supprimez la seule sécurité du circuit.
- Brancher les fils sans repérer la phase et le retour lampe : cela provoque souvent un court-circuit dès la remise sous tension.
- Réutiliser des fils anciens ou au revêtement craquelé : ils peuvent chauffer ou provoquer un départ de feu.
- Ajouter une prise moderne avec terre sur un ancien circuit sans terre : la mise à la masse ne sera pas assurée, ce qui est dangereux.
- Installer un fusible dans un interrupteur récent : cette pratique est à la fois inutile et interdite, les protections doivent être centralisées.
- Remplacer un appareil sans vérifier la section des fils ni le calibre du disjoncteur : cela peut surcharger le circuit et créer un risque d’échauffement.
Sécurité et mise en conformité
Avant toute intervention, coupez toujours le disjoncteur général pour éviter tout risque d’électrocution.
Assurez-vous ensuite que chaque circuit dispose de sa propre protection : un disjoncteur 10 A pour l’éclairage et un 16 A pour les prises.
Si votre installation ne comporte pas de fil de terre, ne tentez pas d’en improviser une : préférez l’usage de prises 2 pôles sans terre, en attendant une rénovation complète du circuit.
La norme NF C 15-100 impose par ailleurs la présence d’un interrupteur différentiel 30 mA pour chaque groupe de circuits, afin d’assurer la sécurité des personnes.
Et si vous avez le moindre doute sur la conformité ou l’état de votre installation, faites appel à un professionnel : certains anciens circuits nécessitent une mise en sécurité complète, et non un simple remplacement d’interrupteur.
Quand faire appel à un professionnel ?
Si votre installation est ancienne ou que vous avez le moindre doute sur sa sécurité, mieux vaut faire appel à un professionnel. Un électricien pourra vérifier la présence des protections nécessaires, identifier les éventuels mélanges de circuits et contrôler l’état des fils, souvent en caoutchouc ou en coton dans les vieilles maisons. Il saura aussi ajouter un disjoncteur adapté en amont si nécessaire, sans risquer de déséquilibrer le reste du réseau. Cette vérification est essentielle pour garantir une installation fiable et conforme aux normes actuelles.