Pourquoi mon plancher tremble quand je marche ?

By Alex

Notre premier achat immobilier était une maison ancienne, pleine de charme, mais aussi de défis. Très vite, nous avons appris que les maisons anciennes peuvent réserver des surprises, et l’une des plus marquantes lors de la visite a été de sentir le sol trembler sous nos pas. Pour cause : les structures de plancher, bien que solides à leur époque, ne répondent pas toujours aux normes modernes de stabilité et de confort. Vibrations, bruits, ou même une impression d’instabilité sont souvent les premiers signes qu’il faut intervenir. Notre première mission a donc été d’évaluer la solidité du plancher, d’identifier les problèmes et de trouver des solutions adaptées.

 Comment évaluer la solidité d’un plancher ?

Quels sont les signes indiquant qu’un plancher doit être renforcé ?

Un plancher qui tremble ou vibre à chaque pas peut être le signe d’une structure sous-dimensionnée. Si vous remarquez que les meubles bougent légèrement lorsque vous marchez à proximité, ce n’est pas seulement un problème de vibration, mais plutôt une souplesse excessive de la structure. Les bruits inhabituels, comme des craquements amplifiés ou des grincements répétés, sont également des indicateurs à ne pas négliger.

Dans les maisons anciennes, le problème est souvent lié à l’âge des matériaux et à des normes de construction obsolètes. Ces planchers n’étaient pas conçus pour supporter les charges modernes, comme les cloisons, l’isolation, ou certains revêtements lourds. Plus la portée des poutres est grande (c’est-à-dire la distance entre deux appuis), plus elles risquent de fléchir et de vibrer sous une charge. Bien que le bois soit naturellement flexible, une structure insuffisante amplifie ces phénomènes, rendant le plancher inconfortable et potentiellement dangereux.

Pourquoi les solives existantes peuvent-elles être insuffisantes ?

Dans de nombreuses maisons anciennes, les solives étaient conçues pour répondre aux besoins de l’époque, mais elles sont souvent inadaptées aux charges modernes. Par exemple, les meubles actuels, les cloisons supplémentaires, ou même l’ajout d’une isolation alourdissent considérablement le plancher.

Prenons un cas concret : nos solives étaient de 15 x 7 cm sur une portée de 5 m. Ces dimensions, courantes dans les constructions anciennes, ne sont pas suffisantes pour garantir une stabilité conforme aux normes actuelles. Même en doublant ces solives, la structure resterait sous-dimensionnée et ne supporterait pas correctement les charges modernes.

Les normes actuelles, comme celles définies par l’Eurocode 5, recommandent des solives de dimensions bien supérieures : par exemple, des sections de 73 x 223 mm espacées de 33 cm d’axe en axe. Ces dimensions assurent une meilleure répartition des charges, une résistance accrue, et éliminent les risques de fléchissement ou d’instabilité.

Des solives qui sont trop petites ou trop espacées,  risquent de ne pas répondre aux exigences modernes, mettant en péril la solidité et la sécurité de votre plancher. Une évaluation précise est donc indispensable avant d’envisager des travaux.

Comment déterminer si vos solives sont adaptées à la charge actuelle ?

Pour savoir si votre plancher est assez solide, il faut calculer les charges qu’il doit supporter. Ces charges sont divisées en deux catégories principales :

  1. Charges permanentes : Ce sont les poids fixes, comme le parquet, les panneaux OSB, les solives elles-mêmes, l’isolation, ou encore le faux plafond. Par exemple, un parquet de 8 mm pèse environ 6 kg/m², tandis qu’un faux plafond en placo ajoute 12 kg/m². En totalisant ces éléments, on arrive à environ 55 kg/m².
  2. Charges d’exploitation : Ce sont les poids temporaires, comme les meubles, les personnes ou d’autres usages de l’espace. Selon les normes pour habitations privées, cela représente en moyenne 200 kg/m².

En additionnant ces deux types de charges, on obtient un total de 261 kg/m², que le plancher doit pouvoir supporter.

Les professionnels évaluent ensuite si les solives existantes sont à la hauteur, en vérifiant deux aspects :

  • Résistance maximale (ELU) : Cela revient à vérifier que les solives ne risquent pas de casser sous le poids. Par exemple, une solive de 15 x 7 cm sur une portée de 5 m pourrait fléchir ou se comprimer si elle est trop sollicitée.
  • Déformation acceptable (ELS) : Même si le bois ne casse pas, il peut se déformer. La norme tolère une flèche maximale de la portée divisée par 400 (soit 12.6 mm pour une portée de 5 m). Si la flèche mesurée est supérieure, le plancher risque d’être trop souple ou instable.

Pour simplifier ces calculs, vous pouvez utiliser des outils en ligne comme le calculateur de flexion. Ces outils permettent d’entrer les dimensions des solives, la portée et les charges pour obtenir une analyse rapide.

Quelles solutions pour renforcer un plancher ?

Voici les options pour renforcer ou remplacer un plancher en fonction de votre situation :

Ajouter des solives complémentaires

Si votre plancher est sous-dimensionné mais encore en bon état, une solution efficace est d’ajouter des solives complémentaires entre celles déjà en place. Cela permet de réduire l’espacement entre les solives et de mieux répartir les charges, diminuant ainsi les vibrations et la souplesse du plancher.

  • Dimensions des nouvelles solives : Pour garantir une meilleure solidité, optez pour des solives plus robustes, comme des sections de 23 x 150 mm ou plus.
  • Espacement optimal : Positionnez les nouvelles solives de manière à ce qu’elles soient espacées de 33 à 35 cm d’axe en axe. Cette densité respecte les normes actuelles pour les habitations et améliore la stabilité globale.

Cette méthode est relativement économique et rapide à mettre en œuvre, tout en offrant une solution durable pour renforcer la structure sans nécessiter de travaux majeurs.

Remplacer entièrement les solives

Lorsque les solives existantes sont trop faibles ou endommagées, la meilleure solution peut être de les remplacer intégralement. Cette approche, bien que plus contraignante, permet de repartir sur une base solide et conforme aux normes actuelles.

  • Dimensions des nouvelles solives : Privilégiez des sections robustes adaptées à la portée, comme des solives en 73 x 223 mm. Ces dimensions garantissent une capacité de charge suffisante pour des planchers modernes.
  • Renforcement par chaînage : Pour améliorer la rigidité et limiter les vibrations, ajoutez un chaînage entre les solives tous les 1,65 m environ. Ces entretoises empêchent les solives de fléchir latéralement et stabilisent l’ensemble.

Cette option est particulièrement recommandée si les charges prévues dépassent largement les capacités des solives existantes ou si celles-ci présentent des signes avancés de fatigue structurelle (fissures, déformation importante). Elle garantit un plancher durable et sûr pour les années à venir.

pourquoi remplacer les solives du sol qui tremble quand je marche

Réaliser un chaînage des solives (ou étrésillonnage)

L’étrésillonnage est une technique qui consiste à renforcer la rigidité du plancher en installant des entretoises perpendiculaires aux solives. Elles empêchent ainsi les solives de bouger latéralement, ce qui limite les oscillations et répartit mieux les charges. Cela ressemble à tendre une toile en renforçant ses bords, sans augmenter la capacité de charge des solives.

L’étrésillonnage offre plusieurs avantages. Il permet de réduire efficacement les vibrations et d’améliorer la stabilité globale du plancher. Cette méthode est particulièrement utile dans les maisons anciennes où les tremblements peuvent être gênants au quotidien. Elle est également idéale pour prévenir les fissures dans un plafond suspendu en limitant les mouvements latéraux des solives. Cependant, cette solution a ses limites. Elle n’augmente pas la capacité structurelle des solives. Si celles-ci sont sous-dimensionnées, endommagées ou mal adaptées aux charges actuelles, une rénovation complète de la structure reste indispensable.

Procédure d’étrésillonnage

  1. Mesurer les entraxes : Coupez des entretoises en bois légèrement plus longues que l’espace entre les solives pour un ajustement serré.
  2. Positionner les étrésillons : Fixez-les au centre de la pièce, puis alternez les côtés en avançant vers les murs.
  3. Serrer progressivement : Ajustez chaque entretoise pour qu’elle soit bien bloquée et repassez pour vérifier leur stabilité.

Le rôle du revêtement dans la solidité

Le choix du revêtement a une influence significative sur la stabilité d’un plancher. Si votre sol est couvert de matériaux lourds, tels que de la terre battue ou un dallage ancien, il est préférable de les retirer pour alléger la structure. Remplacez-les par des panneaux OSB d’au moins 18 mm d’épaisseur, reconnus pour leur robustesse et leur capacité à mieux répartir les charges.

Pour améliorer l’isolation phonique et réduire les nuisances sonores, intégrez un matériau isolant, tel qu’un feutre ou de la laine de roche, avant de poser un plancher flottant. Ce type de revêtement, en plus de son installation simple, offre une solution esthétique et fonctionnelle tout en améliorant le confort acoustique.

Gérer les vibrations

Les vibrations, surtout dans les maisons anciennes, peuvent devenir gênantes, en particulier dans les planchers sous-dimensionnés. Pour limiter ces vibrations, des produits comme le Phaltex (bande de bois compressé), le liège, ou d’autres sous-couches spécifiques peuvent être efficaces. Ces matériaux aident à absorber et réduire les vibrations tout en contribuant à l’isolation phonique, mais ils sont particulièrement efficaces lorsque la structure dispose d’appuis adéquats.

Si la structure manque d’appuis ou si les vibrations deviennent récentes et sont accompagnées de fissures, il est essentiel de faire appel à un professionnel pour évaluer la solidité de la structure. Ce dernier pourra recommander les solutions appropriées pour renforcer la stabilité et la sécurité du plancher.

Il est aussi fréquent que les vibrations soient plus marquées dans les maisons anciennes, notamment celles avec une cave sur toute la longueur, où ces phénomènes peuvent être récurrents. Toutefois, il reste important de vérifier régulièrement l’intégrité des fondations et du plancher.

Vibrations et bruits suspects : attention aux nuisibles

Un plancher qui tremble ou émet des bruits inhabituels, comme des craquements ou des grincements, peut aussi être le signe d’une infestation de nuisibles. Les termites, en particulier, rongent le bois, ce qui peut affaiblir la structure du plancher et entraîner des vibrations ou une souplesse excessive sous le poids des pas. Si ces symptômes sont accompagnés de traces de sciure ou de galeries visibles dans le bois, il est essentiel de procéder à une inspection minutieuse et de faire appel à un professionnel pour traiter l’infestation avant qu’elle ne cause des dégâts plus importants.

Et si c’est le sol de votre appartement qui vibre ?

Contrairement à la maison, vous n’êtes pas libre de vos actions.

Identifier l’origine des vibrations

Avant toute chose, il est important d’évaluer la source des vibrations, pour cela :

  • Consultez le Carnet d’Information du Logement (CIL) : obligatoire pour les logements rénovés ou neufs depuis 2023, ce carnet recense les travaux effectués, les diagnostics réalisés, et parfois des informations sur les nuisances telles que les vibrations ou le bruit. Il s’agit d’un excellent point de départ.
  • Parlez à vos voisins : si vos voisins ressentent également les vibrations, cela peut indiquer un problème structurel qui affecte l’ensemble de l’immeuble. Cette étape est cruciale pour savoir si la situation est localisée ou générale.

Faire remonter le problème au syndic

Dans les immeubles collectifs, les planchers sont souvent considérés comme des parties communes. En cas de problème généralisé, vous devez informer le syndic de copropriété pour signaler la situation et envisager une démarche collective avec les autres résidents pour commander un diagnostic structurel auprès d’un bureau d’études.

Gardez en tête que les rénovations d’ampleur, comme le renforcement des planchers ou l’installation d’isolants anti-vibrations, peuvent être coûteuses. Convaincre le syndic et les copropriétaires de financer ces travaux peut être un défi, surtout si le problème ne semble pas urgent pour tous.

Faire intervenir un professionnel

Si le syndic tarde à réagir ou si le problème est limité à votre logement, il est recommandé de faire appel à un expert pour un diagnostic précis. Prenez le temps de demander plusieurs devis pour éviter toute mauvaise surprise. Ce dernier pourra proposer des solutions adaptées, comme :

  • Renforcer les solives : une intervention classique dans les bâtiments anciens où les structures sont souvent sous-dimensionnées pour les normes actuelles.
  • Ajouter des tapis anti-vibrations : une solution temporaire et économique pour réduire les nuisances.
  • Couler une nouvelle dalle de béton : une opération plus lourde mais efficace pour stabiliser durablement le sol.

En cas d’apparition de fissures ou de dégradations visibles, il est impératif d’agir rapidement. Informez également votre assurance habitation pour explorer les possibilités de prise en charge.

Seulement, attention dans un immeuble collectif, aucun travail ne peut être réalisé sans autorisation préalable. Les travaux doivent être validés par le syndic après consultation d’un architecte ou d’un expert mandaté. Tout manquement à ces règles peut entraîner des sanctions et des complications juridiques.

Dernier espoir : si la conclusion est que les vibrations mettent en danger votre sécurité et que le syndic reste inactif, vous pouvez alerter des instances publiques telles que la mairie de votre commune ou les offices HLM si vous êtes locataire dans ce type de logement.

A propos de l'auteur
Alex
J'adore bricoler, ça me permet de m'évader et d'être utile. J'ai mis ma passion au service de mon activité d'achat et de revente de biens avec Chris.

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