Nos voisins nous ont sollicités récemment car ils doivent traiter une charpente infestée par des insectes xylophages. Le produit recommandé ? Du xylophène. Problème : ce traitement est bien connu pour sa toxicité. Comme ils comptaient l’appliquer eux-mêmes, ils nous ont demandé notre avis : peut-on utiliser du xylophène sans masque ? et surtout, quels sont les risques concrets ?
Qu’est-ce que le xylophène ?
Le xylophène est un produit de traitement du bois utilisé pour lutter contre les insectes xylophages (capricornes, vrillettes…), les termites et les champignons lignivores. Il est largement utilisé aussi bien en traitement curatif (après infestation) qu’en préventif, notamment sur les charpentes, poutres, planchers, meubles anciens, etc.
Ce produit est répandu parce qu’il est efficace sur une large variété de nuisibles du bois. Le xylophène s’applique facilement, au pinceau ou en pulvérisation, et il est disponible dans la plupart des grandes surfaces de bricolage. Mais cette efficacité repose en grande partie sur sa composition chimique. Le produit contient des biocides puissants comme la perméthrine, des solvants organiques volatils souvent irritants, et, selon les formules, d’autres composés actifs adaptés aux usages intérieurs ou extérieurs. Des ingrédients efficaces… mais pas sans risques pour la santé humaine.
Pourquoi un masque est-il conseillé lorsqu’on utilise du xylophène ?
L’odeur du xylophène est déjà un bon indicateur : ce produit dégage des vapeurs puissantes et irritantes dès l’ouverture du bidon. Et ce n’est pas anodin. Sa composition chimique contient des solvants organiques volatils et des biocides puissants, qui peuvent provoquer des effets indésirables dès la première exposition.
C’est pourquoi les fabricants recommandent formellement le port d’un masque de type FFP2 ou FFP3 lors de l’application. Ces masques sont conçus pour filtrer les particules fines et protéger contre l’inhalation des composés toxiques, en particulier dans les espaces mal ventilés.
Il faut savoir que de nombreux utilisateurs racontent avoir ressenti des symptômes après une application sans protection : irritations de la gorge, yeux qui piquent, vertiges, voire nausées. Ces retours d’expérience, croisés avec les recommandations officielles, confirment qu’il est essentiel de se protéger, même pour une courte durée d’utilisation.

Quelles précautions prendre si vous appliquez vous-même ?
Si vous avez décidé d’appliquer du xylophène vous-même, sachez que ce type de traitement n’est pas anodin : il contient des substances chimiques actives potentiellement toxiques pour la santé et l’environnement. La prudence est donc de mise.
Lisez et appliquez impérativement la fiche de sécurité du produit
Avant toute chose, consultez la fiche de données de sécurité (FDS) fournie par le fabricant : elle indique les précautions à prendre, les équipements de protection requis, le temps de séchage, les conditions d’aération et les risques pour la santé. C’est un document de référence essentiel pour une application en toute connaissance de cause.
Protégez-vous sérieusement
Le port d’un équipement complet est indispensable :
- Masque adapté : préférez un masque avec filtre A2/P3 (contre les gaz organiques et les particules fines), bien ajusté au visage.
- Gants résistants aux produits chimiques.
- Lunettes de protection ou visière pour protéger les yeux.
- Combinaison jetable avec capuche pour éviter tout contact avec la peau.
- Bottes si vous traitez une grande surface ou en hauteur.
Aérez largement le lieu
Assurez-vous également que le lieu de traitement soit bien ventilé. L’idéal est d’ouvrir plusieurs fenêtres pour créer un courant d’air efficace, et si possible, d’utiliser un ventilateur pour accélérer l’évacuation des vapeurs. Si le traitement est réalisé dans un logement occupé, calfeutrez soigneusement les autres pièces et traitez une pièce à la fois. Gardez à l’esprit que le temps de séchage peut varier : il faut compter de 48 à 72 heures pour un séchage en surface, et jusqu’à 3 à 4 semaines pour un séchage à cœur dans le cas d’une injection sur une charpente.
Éloignez les personnes sensibles
Ne laissez jamais des enfants, des animaux ou des personnes asthmatiques ou allergiques dans les environs pendant et après l’application. Même après le séchage, des COV (composés organiques volatils) peuvent encore être présents dans l’air.
Que faire en cas de symptômes ?
Des irritations des yeux, du nez ou de la gorge peuvent apparaître après une exposition. Si vous ressentez un malaise ou si les symptômes persistent, consultez un médecin ou un ORL.
Vous pouvez également contacter un centre antipoison qui pourra vous orienter selon la quantité de produit manipulée et la nature des symptômes.
Y a-t-il une réelle alternative au xylophène ?
C’est finalement la question que l’on se pose souvent après coup, une fois le traitement appliqué : « Et s’il existait une solution moins toxique ? » ou encore : « Pour la prochaine fois, y aurait-il une méthode plus naturelle ? ». Sachez qu’il existe aujourd’hui quelques alternatives dites « douces », comme les traitements à base d’huiles essentielles, de borates, ou encore certains procédés thermiques. Voici un aperçu de ces solutions :
Borates (borax, acide borique)
Ces composés sont reconnus pour leur action insecticide et fongicide. Des études, notamment celles de l’Institut canadien Forintek, ont démontré leur efficacité contre plusieurs insectes xylophages, dont les termites. Toutefois, leur performance dépend fortement de la concentration utilisée et de la méthode d’application.
Huiles essentielles
Des huiles comme celles de neem, de lavande ou d’agrumes possèdent des propriétés répulsives et insecticides. Elles sont principalement efficaces en prévention ou pour des infestations légères et localisées.
Traitement thermique
Cette méthode consiste à chauffer le bois à des températures létales pour les insectes (par exemple, 55°C pendant au moins une heure). Des études menées par le FCBA ont confirmé son efficacité en laboratoire et sur le terrain. Cependant, cette technique nécessite un équipement spécialisé et peut ne pas être adaptée à toutes les structures.
Bien que ces alternatives naturelles existent, leur efficacité reste variable selon la gravité de l’infestation et les conditions d’application. En cas d’attaque sérieuse, les traitements chimiques restent souvent les plus fiables — à condition de prendre toutes les précautions nécessaires pour limiter les risques pour la santé et l’environnement.